Si le métier de coach professionnel est de plus en plus plébiscité en entreprise, choisir le bon coach pour vos collaborateurs n’est pas chose aisée. Et pour cause, ce métier n’est pas réglementé. En France, on estime entre 1 600 et 2 000 le nombre de coachs certifiés par des organismes indépendants. Comment s’y retrouver dans ce marché peu lisible ? La certification des coachs est-elle un critère suffisant de qualité ? Réponses.
Qu’est-ce que le coaching professionnel ?
Si le terme « coaching » est aujourd’hui utilisé à tort et à travers, c’est parce qu’il touche aujourd’hui un grand nombre de thématiques : le sport, la diététique, la prise de parole… Le coaching professionnel désigne plus spécifiquement « une relation suivie dans une période définie qui permet au client d’obtenir des résultats concrets et mesurables dans sa vie professionnelle », selon la définition d’ICF. Il se destine donc aux personnes qui poursuivent des objectifs professionnels, qu’ils soient individuels et/ou collectifs.
Au travers du processus de coaching, le client prend conscience de ses propres ressources pour atteindre son objectif. Il peut être pertinent lorsqu’une personne souhaite améliorer sa posture, asseoir son leadership, changer de poste, révéler son potentiel… « Il ne s’agit donc ni de formation, ni de conseil, ni de thérapie, mais d’un accompagnement », précise Étienne Basse.
La certification du coach : un gage de professionnalisme
Quelle certification pour les coachs professionnels ?
Étant donné que le métier de coach n’est pas réglementé, il est difficile, pour les entreprises, de réaliser un choix éclairé. Pourtant, il existe un critère de sélection fiable : la certification du coach, attribuée pour une durée de trois ans chez ICF et renouvelable, à condition d’avoir suivi un volume d’heures minimum de formation et d’avoir participé à plus de 10 heures de mentoring.
Il existe trois organismes certificateurs dans le monde :
- La SFCoach (dont le périmètre est français),
- L’EMCC (avec un périmètre européen),
- L’ICF (avec un périmètre mondial).
« S’intéresser à la certification d’un coach, c’est se prémunir d’expériences malheureuses. C’est un garde-fou pour les entreprises qui cherchent une forme de sécurité et une garantie de professionnalisme », explique Étienne Basse. Et pour cause : les coachs certifiés s’engagent à adopter un code de déontologie, à maîtriser un référentiel de compétences et à mettre leurs connaissances à jour via la formation continue.
Coaching professionnel : les chiffres clés
Nombre de membres des associations en France :
- ICF : 1 200
- EMCC : 3 600
- SFCoach : 2 500 (estimation)
Soit un total estimé de 7 300 membres
En 2021, moins de 40 % d’entre eux étaient certifiés, dont 580 chez ICF.
Comment les coachs sont-ils évalués ?
Les coachs certifiés par les trois organismes sont évalués via un examen écrit et oral, sur plusieurs critères. Chez ICF par exemple, ces derniers s’articulent autour de 8 compétences étayées :
- Être éthique dans sa pratique,
- Incarner un état d’esprit coaching,
- Définir et maintenir les contrats,
- Développer un espace de confiance et de sécurité
- Rester en présence,
- Écouter activement
- Susciter des prises de conscience,
- Faciliter la croissance du client.
L’EMCC et SFcoach proposent, eux aussi, leurs propres référentiels de compétences. Puisque les trois organismes travaillent main dans la main, ces référentiels sont assez proches. De la même manière, « chaque organisme dispose de son code de déontologie et peut, en cas d’entrave, suspendre la certification d’un coach. »
L’expérience, un critère à prendre en compte
Il existe plusieurs niveaux de certification, qui en disent long sur le degré d’expérience des coachs. Chez ICF, ces niveaux sont attribués en fonction d’un volume d’heures de pratique de coaching depuis la formation du coach et d’un niveau de maîtrise des 8 compétences du référentiel :
- ACC (Associate Certified Coach / 100 heures de pratique),
- PCC (Professional Certified Coach/ 500 heures de pratique),
- MCC (Master Certified Coach / 2500 heures de pratique).
Assez logiquement, les entreprises pensent que plus un coach sera expérimenté, plus sa pratique sera aguerrie et plus il sera pertinent avec leur collaborateur. Ils imaginent par ailleurs que la connaissance du secteur d’activité est importante. Pourtant, « la qualité d’un coach n’est pas lié qu’à son expérience ou son degré de connaissance du secteur. Il y a plusieurs autres critères qui entrent en ligne de compte dont sa sensibilité, sa maturité, sa présence, sa manière d’écouter… », détaille Étienne Basse. Par ailleurs, le fait qu’il soit un homme ou une femme peut également être un critère important pour certains collaborateurs, qui se sentiront plus à l’aise avec l’un ou l’autre des interlocuteurs.
Constituer un vivier de coachs
En matière de coaching, il existe nombre d’approches différentes. « Avant de choisir un coach, il est également possible de lui demander sur quelle approche il est certifié et ainsi s’orienter vers celles qui sont reconnues sur la place », indique Étienne Basse. Parmi elles : l’analyse transactionnelle, la programmation neurolinguistique (PNL), la Process Com, l’Élément Humain, la Gestalt…
Les entreprises souhaitant développer la pratique du coaching ont donc tout intérêt à constituer un vivier de coachs ayant des approches différentes pour répondre aux besoins du plus grand nombre de salariés. « C’est d’autant plus vrai que le choix entre un coach et un coaché doit être mutuel. Les deux parties doivent pouvoir se choisir pour former une alliance dans la liberté », souligne-t-il. Concrètement, cela signifie qu’un salarié est en droit de refuser d’être accompagné par un coach s’il ne se sent pas en confiance avec lui. Autant en avoir plusieurs pour maximiser ce « matching ».
Coaching interne ou externe ?
Alors que le coaching professionnel a trouvé sa place au sein de l’entreprise, une question se pose : faut-il mieux privilégier un coach interne (qui est salarié de l’entreprise), ou faire appel à un coach externe, indépendant ou issu d’un cabinet ?
Pour Étienne Basse, les deux options ont leur lot d’avantages et d’inconvénients. « Le coaching interne présente davantage de flexibilité. Mais il faut veiller à ce qu’il n’y ait aucun lien hiérarchique ou affectif entre le coach et le coaché, au risque d’altérer la confiance entre les deux parties prenantes », précise-t-il. En effet, on imagine mal un membre du Codir être accompagné par un coach salarié de l’entreprise. La logique de confidentialité pourrait, par ailleurs, ne pas être garantie dans cet exemple.
D’un autre côté, un coach externe qui n’est pas rompu aux enjeux du secteur d’intervention du coaché peut « l’aider à sortir de sa connaissance, de ses repères et lui donner des grilles de lecture nouvelles», illustre Étienne Basse. Quoiqu’il en soit, ce qui compte, « c’est surtout la confiance que les deux parties arrivent à établir librement », précise-t-il.